La base de données reposant sur plus de 6000 animaux mâles et 1000 animaux femelles pour la période 2018 - 2021 a servi à démontrer l’incidence d’un poids d’installation élevé sur les performances ultérieures des taureaux et des bovins d’engraissement. Seuls les veaux ayant été pesés à leur installation à l’étable ont été considérés. Les veaux affichant un poids à l’installation standardisé de 70, 75 ou 80 kg ont été exclus de l’analyse, leur poids précis à l’installation étant inconnu. L’analyse a par ailleurs été limitée aux veaux pesant entre 65 et 90 kg.
Poids et âge à l’installation
Entre 2018 et 2019, près de deux tiers des petits veaux mâles ont été installés à un poids variant entre 69 et 74 kg (voir graphique 1). Au cours de cette période, seuls 10 % des veaux pesaient plus de 80 kg. Ces deux dernières années, la situation a énormément changé. En 2020 et en 2021, un quart des veaux ont été installés à un poids supérieur à 80 kg. 66 % des veaux pesaient entre 71 et 79 kg. Ces deux dernières années, la part de veaux pesant moins de 70 kg a chuté à moins de 7 %. Cela montre que les veaux d’engraissement ont été commercialisés à un poids plus élevé au cours des deux années écoulées qu’en 2018 et 2019. A lui seul, le poids ne permet cependant pas de savoir si un veau a été nourri de manière optimale dans son exploitation de naissance. Un veau âgé de 60 jours pesant 80 kg à son installation a sûrement bénéficié de conditions d’élevage moins favorables qu’un veau âgé de 22 jours et pesant 74 kg à son arrivée dans l’étable d’engraissement. En termes d’âge à l’installation, les écarts entre les périodes 2018 / 2019 et 2020 / 2021 étaient peu importants. En 2018 / 2019, en moyenne, les veaux installés avaient 35 jours et pesaient 73 kg. En 2020 / 2021, les veaux commercialisés étaient âgés de 37 jours en moyenne et affichaient un poids moyen de 77 kg. Le fait que les veaux pèsent quatre kilos de plus bien que n’ayant que deux jours supplémentaires indique que les conditions d’élevage se sont améliorées dans les exploitations de naissance.
Rôle de l’exploitation de naissance
Les résultats de la BDTA repris de la base de données des client·es permettent d’estimer les gains quotidiens dans l’exploitation de naissance. Là aussi, la tendance est claire. Plus les petits veaux étaient lourds et meilleurs ont été leurs gains quotidiens. Entre 2018 et 2021, les veaux mâles ont réalisé des gains quotidiens d’environ un kilo en moyenne. Les veaux femelles affichaient des gains quotidiens de l’ordre de 870 g. Il convient de rappeler que dans le cadre de cette analyse des résultats, les poids à la naissance relèvent généralement d’une appréciation grossière. L’analyse des résultats de herd-book de ces dernières années révèle que les éleveurs·euses ont indiqué (trop) fréquemment des chiffres pairs (p. ex. 38.40.42).
Performances d’engraissement
L’affouragement pratiqué dans l’exploitation de naissance : un élément essentiel pour obtenir des carcasses conformes à la demande.
Finalement, plus de 4000 animaux mâles pour lesquels on disposait de données précises lors de leur installation et de résultats d’abattage ont été retenus dans l’analyse des résultats d’engraissement. Entre 2018 et 2021, les taureaux retenus ont réalisé des gains moyens quotidiens (GMQ) de 1,35 kg. Dans ce domaine, la tendance est claire, malgré de faibles écarts. Les taureaux d’engraissement présentant un poids à l’installation de 76 à 85 kg ont atteint des GMQ légèrement supérieurs (GMQ 1,38 kg) à ceux pesant entre 65 et 74 kg (GMQ 1,33 kg) et entre 86 et 90 kg (GMQ 1,36 kg). L’affirmation selon laquelle plus les petits veaux sont lourds à leur installation et plus ils atteignent des gains moyens quotidiens élevés dans l’exploitation d’engraissement n’est donc que partiellement vraie et s’applique jusqu’à un poids à l’installation de 85 kg. Concernant la couverture de graisse, il n’est pas possible de tirer des conclusions sur les poids à l’installation, aucune tendance n’ayant été constatée dans ce domaine. On obtient des résultats intéressants en considérant l’âge à l’installation au lieu du poids à l’installation. En comparaison avec les animaux plus jeunes ou plus âgés, les taureaux installés à l’âge de 32 à 53 jours ont été moins souvent taxés en classe de graisse 2 et plus souvent en classe 3 (voir graphique 2). Chez les taureaux installés (en tant que veau) à un âge plus avancé, on a constaté que les taxations en classe 2 étaient plus fréquentes que chez ceux qui ont été installés à un âge plus précoce. Ces chiffres montrent que l’exploitation de naissance crée aussi les conditions indispensables à l’obtention d’animaux bien couverts. Plus l’affouragement pratiqué dans l’exploitation de naissance est adapté et intensif et plus les conditions nécessaires à l’obtention de carcasses conformes à la demande sont réunies. Chez les veaux âgés de plus de 60 jours au moment de leur installation, un animal sur quatre a été taxé en classe de graisse 2. D’une manière générale, force est de constater que des poids à l’installation plus élevés se traduisent généralement par de meilleures performances d’engraissement. Mais ce qui prime avant tout, c’est que les veaux bénéficient d’un approvisionnement optimal, déjà dans leur exploitation de naissance. Il faut par ailleurs relever que la situation n’est pas la même si un veau pesant 80 kg est âgé de 30 ou de 60 jours à son arrivée dans l’étable d’engraissement. Les engraisseurs·euses n’arrivent à couvrir les coûts d’affouragement globalement plus élevés, résultant des changements de règles commerciales en matière de poids, qu’à condition que les exploitations de naissance fassent tout pour élever leurs petits veaux de façon optimale et les nourrir de manière intensive.