L’exploitation de Beat et Irène Betschart est située à 985 mètres d’altitude, au-dessus du village de Menzingen (ZG). Déjà à quelque distance de la route sinueuse qui mène au sommet du « Chnollen », on roule à côté de la prairie des poules. C’est seulement une fois à destination que l’on voit le poulailler, caché derrière la colline. La commission de la protection de la nature et du paysage du canton de Zoug avait en effet exigé en 2013, lors de la construction, que l’on ne voie pas le bâtiment depuis le village.
Biosécurité
Beat et Irène Betschart attachent une très grande importance aux mesures de biosécurité. Dans l’antichambre, des bottes sont prêtes. Dès leur plus jeune âge, leurs trois filles de neuf, onze et treize ans ont appris à s’équiper de bottes et d’une blouse de travail avant d’y entrer. Bien entendu, les visiteurs doivent faire de même. « C’est la seule façon de garantir que l’on n’introduit pas de maladie dans le poulailler », insiste Beat Betschart. Le couple a aussi des objectifs ambitieux. Après une rotation, sur les 2040 poules pondeuses mises au poulailler, au minimum 2000 doivent en ressortir. De plus, à la fin de la rotation, la productivité doit être supérieure à 90 %. Une bonne gestion et la mise en œuvre systématique des mesures d’hygiène leur permet d’y parvenir dans la plupart des rotations.
Passage au bio grâce aux poules
La famille Betschart garde des poules depuis 1988. Elle avait commencé avec un poulailler pour 500 animaux avec élevage au sol. L’exploitation s’est reconvertie à la production biologique en 1999, car elle avait la possibilité d’écouler ses œufs dans le canal bio. Le couple a ensuite équipé le poulailler d’une volière et d’une aire à climat extérieur. Il a construit le bâtiment actuel en 2013 et livre les œufs depuis cette date à EiAG. En hiver, quand les conditions de circulation sont mauvaises, Beat Betschart doit amener lui-même les œufs dans la vallée. C’était la condition pour la signature du contrat avec EiAG. Sinon, un camion vient charger les pontes deux fois par semaine. Beat, qui travaille deux jours par semaine à l’extérieur, s’organise donc pour être à la maison ces jours-là.
Importance du démarrage
« Durant la phase de démarrage, il faut toujours être sur ses gardes et garantir un suivi intensif des poules », explique Beat Betschart. Les tournées quotidiennes dans le poulailler sont importantes. Le sujet des œufs au sol est particulièrement d’actualité pour les poules brunes. Grâce à leur longue expérience, les Betschart savent que le système de poulailler dans lequel les poulettes ont été élevées joue un rôle dans ce domaine. Dans leur installation, la distance entre le sol et la volière est relativement importante. Il est donc primordial que les poules soient accoutumées à voler en hauteur.
« Avec les poules pondeuses, c’est comme avec les vaches laitières, il faut être là 365 jours par an », souligne Irène Betschart. Il ne faut jamais négliger une tournée de contrôle, même pas le week-end. « Beaucoup de personnes sous-estiment cette tâche. Pourtant, quand quelque chose cloche dans le poulailler, il faut le détecter le plus tôt possible. » Dans les travaux quotidiens au poulailler, Beat et Irène peuvent compter sur le vigoureux soutien de la mère de Beat, Agnes. Le père de Beat, Sepp, est moins présent chez les poules, mais plus chez les vaches.
Beat Betschart« Durant la phase de démarrage, il faut assurer un suivi intensif des poules pondeuses. »
Alimentation
Depuis deux rotations, les poules sont nourries avec de l’aliment UFA. Ce changement est notamment dû à des raisons personnelles. Pour Beat et Irène Betschart, il est en effet important que le conseiller en alimentation soit toujours au courant des dernières nouveautés. Or, il se trouve que le leur, Kevin Häfliger, exploite aussi un poulailler de pondeuses bio et dispose donc d’une bonne expérience.
Pour nourrir au mieux les poules après leur mise au poulailler, l’aliment « Starter Plus » est distribué durant les premières semaines. Grâce à sa teneur augmentée en énergie, en protéine et en acides aminés, il couvre les besoins alors que la consommation alimentaire est encore faible. On passe ensuite à l’aliment « Starter », qui couvre de façon optimale les besoins durant le pic de ponte. Vers la 45 e semaine, les Betschart misent toujours sur l’aliment « Producer », à teneur réduite en énergie et protéine brute, mais avec plus de calcium, pour conserver la qualité des coquilles. Le mélange de grains, obligatoire pour les pondeuses bio, est distribué automatiquement l’aprèsmidi. Vers la 35 e semaine de vie, Beat Betschart donne en plus de la chaux fourragère pour améliorer la qualité des coquilles.
Irène Betschart« Avec les poules pondeuses, il faut être là 365 jours par an. »
L’analyse des données est un point très important pour l’aviculteur zougois. Il l’effectue pour chaque rotation, afin de savoir notamment quelle est la consommation d’aliment par œuf produit et surveiller ainsi la productivité et les coûts.
Vaches mères
La famille Betschart a abandonné la production laitière en 2016 pour passer à l’élevage allaitant et à la stabulation libre. La plupart de leurs vaches sont des croisements F1 Brune × Limousin, auxquelles s’ajoutent quatre Simmental originales. Environ deux tiers des veaux sont vendus comme Natura-Beef à l’âge maximal de 365 jours. Les autres veaux sont écoulés comme Natura-Veal à 180 jours maximum. Comme les mères ont encore suffisamment de lait à ce moment-là, les Betschart achètent des veaux supplémentaires à des exploitations laitières bio de la région.
C’est notamment la saison qui décide si les veaux de l’exploitation deviendront des Natura-Beef ou des Natura-Veal. Comme les broutards ont tendance à devenir trop gras en stabulation durant l’hiver, les veaux nés à la fin de l’année sont vendus pour la plupart comme Natura-Veal. Il est en revanche plus intéressant de produire du Natura-Beef durant l’été, pendant la saison de mise à l’herbe, pour obtenir la bonne couverture graisseuse. Il va de soi que la vache a aussi son rôle à jouer. « Avec le temps, on sait quelles vaches conviennent pour adopter un veau étranger », ajoute Beat Betschart.