Poules pondeuses
Sur la route qui mène au poulailler de la famille Rutz, on aperçoit très vite les nombreux arbres haute-tige qui peuplent le pâturage des poules pondeuses. Cela fait environ un an et demi que la famille Rutz élève des poules pondeuses à St-Pelagiberg (TG). Son cheptel s’élève à 15 900 poules pondeuses. Albert Rutz exploite son domaine en collaboration avec son épouse, Marianne, et leurs deux fils Albert jun. et Daniel. La famille Rutz s’est mise à la recherche d’une nouvelle branche d’exploitation pour permettre à Albert jun. et à Daniel Rutz de rester sur le domaine qu’ils sont censés reprendre ultérieurement. Une annonce parue dans un journal régional a fini par attirer leur attention sur les poules pondeuses. Cette annonce s’adressait à des producteurs souhaitant élever un cheptel de 6000 poules pondeuses. Après réflexion, la famille Rutz s’annonça auprès de la maison de commerce d’œufs Lüchinger + Schmid SA et se lança dans les premières étapes en calculant des bilans, notamment pour la marge brute et la matière sèche. Dans la garde d’animaux, un projet de développement interne implique que les exigences concernant ces bilans soient remplies.
6000, 9500 ou même 15 900 ?
Durant la phase de planification, au lieu d’opter pour un poulailler de 6000 pondeuses, la famille Rutz décida de déposer une demande de construction pour un poulailler de 9500 places. Celle-ci fut acceptée sans difficultés.
Revigorée par ses discussions avec le spécialiste UFA en volaille, la famille Rutz envisagea de construire un poulailler plus grand. Accompagné du spécialiste, le couple de chefs d’exploitation a donc visité une exploitation gérant 18 000 pondeuses. Enthousiasmés par leur visite, ils décidèrent alors d’agrandir leur projet. Les analyses des bilans MS et MB révélèrent un cheptel d’une taille maximale de 15 900 poules pondeuses. Une nouvelle demande de construction fut alors déposée. La construction compacte et le système de volière à plusieurs étages avec nids intégrés permirent d’utiliser efficacement la place à disposition. « Quatre à cinq ans s’écoulèrent entre le premier concept et l’arrivée des poules. Les changements apportés au projet ont nécessité passablement de temps. Nous n’étions toutefois pas pressés, Abert jun. et Daniel suivant encore leur formation agricole. Nous avons commandé le système de volière un an avant le début des travaux de construction, ce qui nous a permis de bénéficier du faible cours de l’euro. Seul le chauffeur du camion livrant la volière a semblé un peu étonné quand nous lui avons demandé de décharger la volière dans la remise », explique le chef d’exploitation.
Profil d’exploitation de la famille Rutz
Effectif animal: 15 900 poules pondeuses blanches, 60 vaches laitières, 25 génisses, 20 veaux d’engraissement
SAU: 40 ha de prairies
Arboriculture: 1200 arbres haute-tige (pommes et poires)
Main-d’œuvre: Albert et Marianne Rutz avec leurs fils Albert jun. et Daniel, collaboration occasionnelle de leurs quatre filles.
Utiliser les effets d’échelle
La famille Rutz estime que les calculs d’Aviforum pour la construction de poulaillers sont assez exacts. « Plus la taille du cheptel avicole est importante et moins les coûts par place sont élevés. Le fait que nous transformions 5000 ou 15 000 œufs par jour à l’aide de notre installation d’emballage ou de datage d’œufs n’a pas d’importance. Les coûts d’achats sont juste répartis sur un plus grand volume », explique Albert Rutz. Pour bénéficier du crédit bancaire indispensable à la réalisation de ce projet qui a coûté plusieurs millions, les Rutz durent prouver qu’ils disposaient d’un contrat de prise en charge de cinq ans. Pendant cette période, le contrat ne peut être résilié par aucune des deux parties. Par la suite, il se renouvelle tacitement d’année en année. Durant la phase de planification et de construction, le spécialiste UFA, Martin Fäh, a épaulé la famille Rutz. Il a vérifié les devis, analysé les calculs de rentabilité et donné des conseils.
Rentrées modestes au début
Les Rutz expliquent que les premiers mois ont été très intenses en travail. Albert Rutz et son épouse ont tout d’abord dû s’habituer au fait que chez les poules pondeuses, des taux de mortalité de 0,5 % par période de ponte sont dans la norme. « Venant de la production laitière, où la perte d’un animal est beaucoup plus grave, je n’y étais pas habitué », explique le chef d’exploitation. Les premiers mois n’ont pas été de tout repos du point de vue financier: « Les coûts pour les poulettes, les aliments et la construction sont énormes mais les rentrées provenant des œufs n’arrivent qu’après deux mois de production. Les premières paies d’œufs sont logiquement plus modestes: au départ, les poules pondent des œufs de petite taille et leur performance de ponte est moins élevée. Les débuts furent donc difficiles mais ces défis sont désormais surmontés et la production tourne désormais très bien », assure Marianne Rutz. Les Rutz conseillent aux personnes intéressées de consacrer suffisamment de temps à la planification du poulailler et de tout examiner en détail. Avec l’élevage de poules pondeuses, la SST et la SRPA, les Rutz ont trouvé une nouvelle branche d’exploitation qui leur permet d’augmenter la valeur générée sur leur exploitation et de dégager un revenu permettant au couple d’exploitants ainsi qu’à leurs deux fils de vivre entièrement de l’agriculture.
La production avicole en tant que branche d’exploitation
Sous le lien/code QR suivant, vous trouverez une fiche technique détaillée avec des chiffres-clés, des informations et les exigences pour se lancer dans la production de volaille.
www.aviforum.ch/fr/Portaldata/1/Resources/wissen/ betriebliches/fr/FC_12_17.pdf
Saisir sa chance
Au départ, dans la famille Rutz, personne ne connaissait vraiment la production avicole. Daniel Rutz a par contre toujours été intéressé par cette branche de production. Lorsqu’un éleveur de volaille de la région s’est mis à la recherche d’un remplaçant suite à un accident, Daniel Rutz décida de saisir cette opportunité et d’accumuler des connaissances sur l’aviculture pendant près d’une année. « Durant cette période, j’ai appris une foule de choses et constaté que j’aimais beaucoup travailler au poulailler. J’ai aussi compris que cette branche de production conviendrait bien à notre exploitation », précise le jeune agriculteur. Son frère, Albert jun., est quant à lui responsable des vaches laitières de l’exploitation. En diversifiant le domaine, les deux futurs chefs d’exploitation ont pu se spécialiser dans une branche de production et évoluer professionnellement.
Auteurs
Martin Fäh, spécialiste volaille auprès du service technique UFA, 9501 Wil; Sandra Frei, Revue UFA, 3360 Herzogenbuchsee