Légumes industriels
En Suisse, la culture de pois à battre destinés à l’industrie de la conserve et des surgelés est pratiquée depuis longtemps. Les pois à battre sont cultivés sur quelque 800 ha. Les entreprises de transformation de pois en surgelés ou en conserves sont au nombre de trois: frigemo AG Produktion Mellingen à Mellingen, Ditzler AG à Möhlin et Hilcona, dont le siège se trouve à Schaan, au Liechtenstein.
Culture
Les pois sont particulièrement adaptés à la rotation dans les exploitations de grandes cultures qui privilégient une rotation dominée par la production céréalière, par exemple.
Les pois appartiennent à la famille des légumineuses. Celles-ci sont capables de fixer l’azote atmosphérique à l’aide de bactéries rhizobium. Du fait de leur période de végétation d’environ 70 à 90 jours, les pois font partie des cultures rapides. Ils apprécient les sols perméables et pas trop lourds qui se réchauffent rapidement. Ils sont sensibles au compactage et aux troubles qui y sont associés dans les sols à humidité stagnante peu aérés. Le pH est aussi un facteur important: s’il se situe en dessous de 6,5, les plantes restent chétives et jaunissent. Il faut aussi tenir compte de la pente du champ, car les batteuses ne sont pas prévues pour être utilisées sur des terrains inclinés.
Les pois ne supportent pas d’être cultivés deux ans de suite sur la même parcelle. Les exigences quant à la rotation culturale sont donc élevées. Les PER préconisent une pause culturale de huit ans. Grâce à leur précocité et à la fixation de l’azote, les pois sont un excellent précédent cultural pour toutes les autres grandes cultures.
Semis
Les semis, qui sont planifiés par les entreprises sous contrat, ont lieu dès mi-mars environ et se prolongent jusqu’à mi-mai selon les régions. Pour que la récolte se déroule selon un schéma ordonné, le respect de ce calendrier est indispensable. Les entreprises sont responsables du choix des variétés et de l’organisation des semences. Le lit de semence doit être soigneusement préparé. Les traces de véhicule qui apparaissent lors de l’ensemencement ont des effets négatifs sur toute la durée de la culture.
Le semis s’effectue en ligne, à environ 4-5 cm de profondeur, à l’aide de semoirs classiques. Pour que la récolte soit rapide et n’engendre que peu de pertes, les champs doivent être plats et leur surface exempte de cailloux. Que les champs soient travaillés avec une charrue ou non n’est pas primordial.
Protection des plantes
Les plantations ne doivent pas contenir d’adventices, car une présence importante de ces dernières entrave la récolte et amoindrit la qualité. Les herbicides sont principalement appliqués en post-levée, sous forme de produit racinaire et de contact. En principe, un traitement suffit. Les regerminations de camomille, de pavot, de chardon et de morelle noire posent toutefois de grands problèmes. Leurs capitules et leurs semences ont la même taille que ceux des pois; ils ne peuvent donc pas être triés à la machine. On renoncera aux champs et aux récoltes contenant des morelles noires.
Les produits anti-graminées permettant de lutter contre le millet doivent aussi être appliqués à temps, et les adventices problématiques telles que le liseron, le chardon ou le rumex doivent être éliminées au préalable. Le principal ravageur est le puceron vert du pois. Dès le début de la floraison, il faut contrôler les plantes et éliminer ce ravageur s’il est présent. Une forte attaque de pucerons peut en effet réduire considérablement la quantité et la qualité de la récolte. Les pucerons peuvent trouer les plantes ou les siliques et les vider de leur sève, favorisant ainsi la propagation de maladies virales. Le sitone du pois peut causer quelques dommages de moindre importance.
Dans les rotations incluant des pommes de terre (l’année précédente ou de façon systématique), une attention particulière doit être portée au doryphore. Les doryphores adultes et leurs grosses larves peuvent polluer la récolte. Ici s’applique la tolérance zéro.
Les fongicides n’ont pas d’effets positifs sur le plan économique.
Récolte
L’entreprise de transformation est responsable de la récolte; c’est elle qui en fixe la date. La récolte est battue avec les machines de l’entreprise, qui sont en principe entretenues et exploitées par une entreprise de travaux agricoles, elle-même responsable du transport de la récolte.
Pour que la qualité de la récolte soit préservée, il faut que la récolte et le transport soient planifiés et réalisés en étroite collaboration.
Le décompte s’effectue à l’aide d’un système spécial. Une fois la récolte pesée, le degré de tendreté des pois est calculé: il s’agit de l’indice tendérométrique. Cet indice est calculé sur la base de plusieurs échantillons d’une même livraison. Le prix au kilo est fixé en fonction de l’indice tendérométrique moyen: plus les pois sont tendres, plus leur prix est élevé, et inversement. Des pois plus durs présentent en principe un rendement plus élevé, ce dont on tient clairement compte. Les prix et les conditions contractuelles sont négociés et fixés chaque année à l’échelle nationale par des commissions de l’Union maraîchère suisse (UMS) et de l’industrie de transformation Swiss Convenience Food Association (SCFA).
Intérêt de la culture de pois
La rentabilité de la culture de pois dépend beaucoup des conditions météorologiques du semis à la récolte. Une très forte humidité, la sécheresse et les grandes chaleurs ont des effets négatifs. Pour pouvoir comparer les marges brutes avec celles d’autres grandes cultures, il faudrait se fonder sur une période d’au moins cinq ans. Si tout va bien, les marges brutes des pois à battre sont supérieures à celles d’autres cultures à battre.
Des nouveaux contrats de culture sont conclus chaque année avec les entreprises de transformation. Dans la mesure du possible, les parcelles doivent se situer dans la région de production habituelle de l’entreprise de transformation. Le respect des PER, des normes SwissGAP et des directives de Suisse Garantie est une condition sine qua non à la conclusion d’un contrat de culture.
Pour les agriculteurs qui possèdent les parcelles qui s’y prêtent, la culture de pois peut représenter une alternative judicieuse à d’autres grandes cultures.
AuteurThomas Kim, fenaco Protection des plantes, région Suisse orientale