Mycotoxines
En production végétale, prévenir signifie connaître et appliquer les mesures nécessaires à cet effet. Le risque pour le producteur est que sa récolte soit tellement contaminée par des mycotoxines au moment de la livraison au centre collecteur qu’elle demande un nettoyage particulièrement coûteux, voire dans le pire des scénarios, qu’elle soit refusée et doive être éliminée. Pour éviter toute mauvaise surprise à la récolte, il est donc essentiel de connaître les mesures de prévention. La fiche technique sur les fusarioses élaborée avec divers services spécialisés et publiée par Agridea (voir p. 31)constitue une bonne source d’informations. Outre les facteurs influençables, la météo pendant et après la floraison joue un rôle déterminant pour la prolifération de Fusarium sur les plantes.
Reconnaître les signes de fusariose
Des champignons rose orangé à proximité de l’épillet ou des épis blanchâtres sont les signes de fusariose. Lors de la livraison au centre collecteur, toute l’attention doit être portée sur les céréales pour lesquelles les facteurs de risque n’ont pas été éliminés durant la culture. Un lot livré par le producteur peut certes être nettoyé et trié au centre collecteur, mais cette mesure ne permet guère de réduire significativement la forte charge en mycotoxines produites par les Fusariums, telles que le déoxynivalénol (DON). En outre, selon les possibilités logistiques du centre collecteur, il n’est pas toujours possible de stocker de telles récoltes à part.
Si des lots à la teneur trop élevée en mycotoxines sont malencontreusement stockés et diagnostiqués seulement lors de leur conditionnement, voire de leur sortie du centre, il y a alors un risque de dommages à l’ensemble de la cellule.
Dans de telles circonstances, le centre collecteur doit décider s’il assume lui-même les dommages, si ceux-ci doivent être répercutés sur le prix à la production ou s’il doit remonter, à l’aide des échantillons, aux producteurs responsables du dommage causé par les céréales fortement contaminées.
Test rapide au centre collecteur
fenaco organise des formations pour apprendre à reconnaître les signes de fusariose dans les lots de céréales récoltés et à utiliser le test rapide de détection des mycotoxines. Les centres collecteurs sont ainsi en mesure de gérer les lots dont le contrôle visuel laisse supposer une contamination importante par du DON (voir photo). Si nécessaire, les tests rapides donnent un résultat fiable en l’espace de 30 minutes, et indiquent si le lot testé est sain et commercialisable ou s’il faut prendre des mesures supplémentaires. Ces mesures pourront consister en un nouveau nettoyage poussé des céréales, suivi d’une analyse en laboratoire pour vérifier l’efficacité de la mesure. Les résultats d’une telle analyse ne sont certes disponibles qu’après quelques jours, mais ils permettent de s’assurer que le lot est bien commercialisable.
Que faire si les céréales sont déjà chez l’acheteur ?
Si les analyses du client montrent que le centre collecteur a commercialisé un produit dépassant les valeurs limites légales en vigueur pour les céréales brutes, les autorités doivent en être informées. Ces dernières décident alors des mesures subséquentes telles que le retrait ou l’élimination de la marchandise. Pour les céréales fourragères, il est possible d’utiliser des lots fortement infectés uniquement si l’on trouve un acheteur qui peut garantir que les valeurs indicatives en vigueur pour les fourrages sont respectées. Les valeurs maximales en vigueur pour les céréales brutes destinées à l’alimentation humaine et les valeurs indicatives pour les fourrages sont disponibles en ligne sur www.swissgranum.ch ➞ Qualité de la récolte ➞ Gestion du risque des mycotoxines.
Auteur
Fortunat Schmid, responsable Gestion de la qualité et infrastructures, fenaco Céréales, oléagineux, matières premières, 8401 Winterthour