Les petits fruits jouissent d’une popularité croissante auprès des consommatrices et des consommateurs. Les fraises, framboises et myrtilles bio sont particulièrement demandées. Ainsi, la surface cultivée de framboises bio a quadruplé depuis 2016 pour atteindre 22,5 hectares en 2021 (voir graphique). Traditionnellement, les plants mottés sont plantés en mai et juin, pour une récolte l’année suivante pendant cinq à six semaines à partir de mijuin pour les framboises d’été, et pendant deux mois à partir de miaoût pour les framboises d’automne. La demande en framboises d’été bio suisses ne peut toutefois pas encore être couverte en dehors de la principale période de récolte. En plus de la vente directe, l’extension de la période de récolte recèle un excellent potentiel commercial ; pour les framboises d’été, il s’agirait de couvrir la période précédant et suivant la haute saison, afin de combler l’intervalle avant l’arrivée des framboises d’automne. Afin de combler ces périodes creuses, de plus en plus de producteurs bio se tournent vers des formes de cultures moins répandues, comme les cultures à terme avec des framboisiers Long Canes.
Professionnalisation
Ces dernières années, la production de framboises bio s’est fortement professionnalisée, notamment avec le développement de la culture sous protection contre les intempéries. Quelque 65 % des framboises bio sont cultivées ainsi. Ces fruits sont en effet très sensibles aux maladies comme la pourriture grise et aux conditions météorologiques comme la grêle, les coups de soleil ou les fortes pluies. Une culture sous protection présente plusieurs avantages par rapport à la production en plein air. Cultivées dans des conditions sèches, les framboises sont nettement moins sensibles à la pourriture grise et se conservent beaucoup mieux. Comme la récolte a lieu dans des conditions sèches et propres et que la part de fruits jetés à la récolte est faible, la performance de cueillette est meilleure. La sécurité pour la commercialisation et la meilleure performance de cueillette permettent généralement d’amortir rapidement les coûts d’investissement des systèmes de protection contre les intempéries. Dans la culture couverte, le microclimat ainsi modifié peut toutefois entraîner une pression accrue des insectes suceurs comme les pucerons ou les acariens (araignées rouges et acariens des feuilles). Avant l’intervention phytosanitaire, plusieurs mesures contribuent à réguler les ravageurs. Outre l’utilisation de variétés rustiques et de plantes exemptes de nuisibles, les auxiliaires se révèlent efficaces pour lutter contre les thrips, les araignées rouges et les pucerons. En optant pour le tunnel, qui permet une bonne gestion du climat, on peut réguler la pression des ravageurs et éviter les dégâts dus à la chaleur. Les filets de protection contre les insectes offrent un bouclier contre la drosophile du cerisier.
Cultures à terme
La culture des framboises d’été bio tend vers des phases de culture plus cultures à terme (Long Canes). Les cultures à terme permettent de procourtes et une production avec duire des fruits précisément durant les périodes creuses. La durée de culture raccourcie permet de s’épargner du travail et d’éviter certaines maladies.
Dans une culture normale, en revanche, l’installation des plants mottés l’année précédente, les soins apportés aux nouvelles tiges et d’autres mesures culturales engendrent une certaine charge de travail. Le fournisseur de plants produit les framboisiers Long Canes une année avant leur utilisation. Deux tiges principales d’environ 1,8 mètre sont cultivées dans chaque pot. A l’automne, une fois qu’elles ont perdu leurs feuilles, elles sont congelées et entreposées (voir photo de gauche).Au printemps suivant, les framboisiers Long Canes peuvent être plantés dans le sol à la date voulue, pour une récolte qui débutera environ huit semaines plus tard.
« Les cultures à terme permettent de produire des fruits durant les périodes creuses. »
Le fait de pouvoir choisir la date de plantation permet de planifier précisément la récolte. La période de récolte peut ainsi être étendue grâce à l’échelonnement des plantations. Plusieurs aspects doivent être pris en compte dans la culture de Long Canes. Comme pour toutes les cultures de petits fruits, et plus particulièrement pour les Long Canes, qui sont coûteux, le choix du site joue un rôle crucial pour le succès économique.
On préfèrera les sols mi-lourds à légers, perméables et où l’eau ne stagne pas. La culture sur butte permet d’améliorer la profondeur et la structure du sol, notamment sur les sols moins propices. Une fois ces conditions réunies, il est important que les plantes s’établissent rapidement après la plantation et qu’elles forment de nouvelles racines dans le sol, surtout des racines fines. Cette masse racinaire est indispensable à la formation des tiges latérales et à la fructification, car elle approvisionne la plante en éléments nutritifs et en eau. La fertilisation des plantes ainsi qu’une irrigation adaptée au sol participent à la formation du réseau racinaire.
Avant la plantation, on peut épandre des engrais de ferme ou du commerce (solides). Pour couvrir les besoins élevés en azote des cultures de Long Canes, des engrais organiques liquides sont épandus de manière ciblée via la fertigation – une irrigation goutte-à-goutte – dès la plantation. Les protections contre les intempéries doivent être installées au plus tard avant la floraison, afin que les fleurs et les fruits restent secs.
Outre les systèmes fixes, les producteurs utilisent de plus en plus souvent des systèmes de tunnels mobiles. Le tunnel protège ainsi les Long Canes durant la période nécessaire, voire une culture suivante si les plantes sont arrachées après la récolte. En agriculture biologique, les plants de Long Canes en bonne santé qui forment de nouvelles tiges sont souvent utilisés une deuxième année. Après la récolte, le tunnel mobile peut être installé sur un autre site, ce qui permet de répartir les coûts élevés de ce dispositif sur plusieurs cultures, améliorant ainsi la rentabilité.
Offre étendue de plants de petits fruits bio
Ces dernières années, avec l’augmentation du nombre d’exploitations produisant des plants de petits fruits bio, l’offre s’est renforcée, diversifiée et améliorée. Une liste répertoriant les producteurs et productrices de plants de petits fruits bio et leur offre est disponible sur www.bioactualites.ch ➞ Cultures ➞ Arboriculture ➞ Petits fruits ➞ Plants de fraises bio disponibles [sic] ➞ Jeunes plants de baies bio disponibles.
Les caractéristiques agronomiques et des fruits des variétés de framboises disponibles en qualité bio sont présentées dans la liste variétale du FiBL, consultable gratuitement sur www.fibl.org / fr (rechercher sur 1371)
Il est recommandé de passer commande suffisamment tôt afin d’ob tenir les plants de petits fruits bio de la variété souhaitée dans la bonne quantité et à la période requise.
Exemple : la ferme de Fluofeld
Anita et Michael Reichmuth-Caduff sont la troisième génération à gérer l’exploitation Fluofeld à Oberarth (SZ), qu’ils ont reprise en 2010. Leur exploitation répond aux directives de Bio Suisse depuis 1995. Pendant la saison, jusqu’à 30 collaboratrices et collaborateurs y travaillent. Le domaine s’étend sur 35 hectares et comprend, outre des légumes frais et de garde (10 ha chacun), des fruits à noyaux (1 ha), des pommes de terre (2 ha), de l’épeautre (1 ha) et des herbages (10 ha), également des fraises (0,8 ha), des myrtilles (1 ha) et des framboises (0,5 ha). Ils détiennent aussi 4000 poules pondeuses et élèvent en communauté partielle d’exploitation des bovins d’engraissement au pâturage et des vaches allaitantes.
La famille Reichmuth-Caduff écoule ses produits dans son magasin à la ferme, sur des marchés et via Migros et Coop. L’exploitation produit des petits fruits depuis 25 ans. Le sol mi-lourd, actif et perméable est particulièrement bien adapté à cette culture. La production de petits fruits s’est étendue au fil des ans, notamment avec la culture de framboises d’été Long Canes depuis cinq ans. Lorsque les plantes produisent suffisamment de nouvelles tiges et qu’elles sont en bonne santé, elles peuvent même être utilisées une deuxième année.
Elles sont plantées à la fin du mois de mars, avec pour objectif une production précoce et ininterrompue de framboises d’été jusqu’à la récolte des framboises d’automne. Ce type de production évite à Michael Reichmuth de devoir produire lui-même les plants – un travail effectué par le fournisseur de plants. Les Long Canes sont également avantageuses du point de vue de la rotation car elles n’utilisent la parcelle qu’une seule année et non deux. Selon Michael Reichmuth, la fertilisation constitue le principal défi : il épand des engrais de ferme ou des engrais solides du commerce avant et pendant la plantation.
Une fois les framboisiers plantés, la fertilisation s’avère difficile à cause des bâches de protection installées sur le sol. Seuls des engrais liquides épandus via les tuyaux d’irrigation peuvent alors être utilisés. L’agriculteur schwytzois souligne tout de même que l’achat de plants Long Canes a un coût élevé. S’il veut être rentable, il doit atteindre les rendements prévus et accomplir toutes les étapes de travail de manière efficace.
De plus amples informations sur la ferme bio Fluofeld (en allemand uniquement) sont disponibles sur : www.fluofeld.ch