La pulvérisation est une étape importante dans la protection des cultures. Pour obtenir la meilleure efficacité il est nécessaire de répartir le produit le plus précisément possible. Il faut pour cela un appareil en parfait état et des buses adaptées sans usure excessive. L’Office fédéral de l’agriculture a publié des « instructions relatives aux mesures de réduction des risques lors de l’application de produits phytosanitaires », notamment en ce qui concerne les risques découlant de la dérive et du ruissellement pour éviter des dégâts sur la faune et la flore environnante. Selon la législation, une zone tampon non traitée doit être maintenue le long des eaux de surfaces lors du traitement des cultures. Cette zone est définie pour chaque produit phytosanitaire ( PPh ) et doit figurer sur les emballages individuels. Selon le risque par rapport au produit, la distance fixée est de 6, 20, 50 ou 100 m. La dérive est la partie de la bouillie composée de gouttelettes plus fines entraînée hors de la zone à traiter prévue. Le ruissellement représente les produits appliqués, mais entraînés hors de la parcelle avec l’eau des précipitations après le traitement.
Qualité d’application
La largeur de la zone non traitée peut être réduite par le choix des buses. Un tableau officiel ( Table JKI ) relativement complet attribue des points en fonction de la réduction de la dérive obtenue grâce à un grand nombre de buses. Une démarche simplifiée permet également d’obtenir un à trois points grâce au choix des buses, du matériel et des mesures prises au niveau de la parcelle ( tableau ).Dans la pratique, la qualité de la répartition de la bouillie dépend dans une large mesure des buses. Les critères à prendre en compte sont le type, mais aussi la pression, l’écartement, l’angle de pulvérisation, la qualité d’application ainsi que le débit. Avec les pulvérisateurs conventionnels, une des difficultés au champ réside dans la plage de vitesse très limitée qui permet une application et une taille des gouttelettes régulières.
Pulvérisation par pulsation
L’entreprise Berthoud propose une solution technologique de pulvérisation fréquentielle. Avec ce système, chaque buse est équipée d’une électrovanne qui régit une fréquence d’ouverture / fermeture modulable de la buse. « Un débit proportionnel à l’avancement est assuré dans une plage de variation de vitesse de 70 % ( 5 à 15 km/h ) en conservant la même pression », explique Patrick Michel, responsable technico-commercial pour l’entreprise Fischer à Collombey. « Le réglage du débit est géré par la durée d’ouverture et fermeture des buses. La pression constante assure la qualité d’application par la formation de gouttelettes de taille idéale et permet de limiter la dérive, surtout avec des buses à injection d’air », précise Patrick Michel.
Limiter la dérive : types de mesures et nombre de points pour grandes cultures et cultures maraichères
En combinant plusieurs mesures différentes, il est possible de réduire encore plus fortement la dérive et la zone tampon. Par exemple l’utilisation de buses à injection d’air et de bandes végétalisées permettent de cumuler les points.
Les mesures mises en œuvre doivent être de nature différente, c’est-à-dire provenir de colonnes différentes.
Source : Agridea, fiche technique « Limiter la dérive et le ruissellement »
Spraytronic
Cette technologie d’application séquentielle est actuellement disponible sur les pulvérisateurs trainés Vantage et les automotrices Raptor de la marque Berthoud. L’entrepreneur de travaux agricoles Philippe Glauser, d’Ependes dans le canton de Vaud, vient de changer son automotrice pour un modèle Raptor doté de la technologie séquentielle.
Cette machine est déjà bien équipée avec une largeur de voie réglable selon les passages dans les cultures ainsi qu’une suspension individuelle. A l’aide de capteurs, la hauteur de la rampe de traitement est gérée automatiquement ainsi que l’oscillation des secteurs gauche et droite. « En optant pour les buses adaptées, je sélectionne la pression et le volume de bouillie par hectare pour arriver au meilleur résultat. Pour les traitements, j’utilise un correcteur de pH et parfois un adjuvant antidérive », précise Philippe Glauser lors de la visite sur son exploitation. « J’apprécie aussi le système de nettoyage et de rinçage séparé de la cuve et de la rampe sur la nouvelle Raptor 4240 », conclut cet entrepreneur qui traite près de 1500 ha par an.
Buses à injection d’air
Selon des essais réalisés par Arvalis, les buses à injection d’air permettent de réduire la dérive par trois. Par contre, le volume de bouillie doit être adapté au type de produit et au développement des plantes à traiter pour obtenir la meilleure efficacité possible. Pour bénéficier des points permettant de réduire la zone tampon non traitée, il est recommandé de choisir une buse antidérive à injection d’air et d’adapter la pression en fonction du type de produit et de la culture selon la directive Agridea ou de choisir une buse dans la tabelle JKI.
Patrick Michel«Les nouvelles technologies permettent de gagner en qualité d’application et en sécurité»
Interview
Revue UFA : Monsieur Michel, quels sont les points importants auxquels un agriculteur doit veiller lors de l’achat d’un nouveau pulvérisateur ?
Patrick Michel : D’un point de vue législatif, tous les pulvérisateurs doivent être conformes à la directive machines EU avec un certificat de conformité. Ceci implique :
- Sécurité opérateur ( incorporateur de produit – cuve lave mains – cuve de rinçage de 10 % du volume nominal )
- Pulvérisation ( au minimum un jeu de buses antidérive à injection d’air pour le traitement en zone à risque )
- Système de rinçage commandé depuis la cabine ( séquentiel ou continu ) selon la nouvelle ordonnance 2023 sur les rinçages
- Système de nettoyage extérieur du pulvérisateur pour les exploitations ne disposant pas de place de lavage spécifique.
Une régulation du volume / ha électronique est conseillée à l’achat afin de garantir la précision d’application et d’avoir la possibilité de réduire la vitesse et donc la pression dans les zones sensibles tout en conservant un volume / ha constant.
Qu’est-ce qu’une buse antidérive et pourquoi ce type de buses est-il si important ?
P. Michel : Une buse antidérive permet de réduire la proportion de gouttes fines, sensibles au vent. Il existe deux catégories de buses antidérive : les buses à dérive limitée à chambre de décompression et les buses à induction d’air qui représentent la meilleure alternative pour réduire la dérive selon les nouvelles directives.
Quels autres moyens proposez-vous pour limiter la dérive lors des traitements phytosanitaires ?
P. Michel : La règle d’or pour toutes les applications de produits phytosanitaires est la suivante : la bonne dose appliquée au bon moment et au bon endroit avec du matériel adapté et entretenu. Il faut privilégier des buses antidérive à induction d’air. A plus forte raison dans les zones sensibles ( eau de surface, habitations, cultures voisines ). Et également réduire la pression d’utilisation dans les zones à risque en conservant un volume hectare constant.
Quels avantages voyez-vous aux nouveaux équipements des pulvérisateurs de dernière génération ?
P. Michel : La programmation du remplissage pour éviter le débordement au remplissage et limiter les soldes de bouillie en fin d’utilisation – les système d’incorporation des produits – la régulation électronique du volume / hectare pour garantir la précision d’application – le suivi de sol automatique – la circulation continue pour amorçage des rampes au champ – le système de rinçage automatisé au champ – la coupure de tronçons ou des buses automatiques via info GPS et bien sûr la pulvérisation fréquentielle pour garantir une pression optimale de travail sur une plage de vitesse importante sans devoir changer de buses sont de nouvelles technologies qui permettent de gagner en confort, qualité d’application et sécurité pour le chauffeur et l’environnement.