En fonction des équipements et des modules choisis, les stations météo agricoles permettent de mesurer en temps réel des paramètres nécessaires au suivi de toute culture : pluviométrie, température de l’air, vitesse et orientation du vent, humidité de l’air et du sol, taux d’humectation du feuillage, etc. A l’aide de ces informations très localisées, l’agriculteur pourra par exemple choisir le meilleur moment pour traiter ses vignes ou irriguer son verger.
« Au printemps, la question est de savoir à quel moment on doit faire les premiers traitements antifongiques. Tant qu’un certain seuil de température et d’humidité n’est pas atteint, les spores ne sont pas mûres. Suivre les indications de mes stations et l’historique des données me permet donc parfois de retarder le premier traitement de 10 jours à deux semaines et d’économiser un ou deux traitements », explique Eric Bonvin, qui exploite un vignoble de 13 ha à Flanthey (VS). « Un capteur de l’humidité foliaire peut aussi être utile pour le mildiou. On sait qu’il y a un risque d’infection si l’humidité relative est suffisante pendant au moins 24 heures. Tant qu’on n’observe pas ce seuil, le risque est quasiment nul », ajoute-t-il.
Système d’alarme
Les données recueillies par les capteurs d’une station météo sont consultables via une application sur smartphone ou ordinateur. S’il le souhaite, l’utilisateur peut aussi choisir d’être prévenu par une alarme, le plus souvent par sms, lorsque certaines données auront atteint un seuil limite, comme dans le cas du gel ou au contraire si les températures sont trop élevées.
« Nos systèmes d’alarme sont beaucoup utilisés dans les serres. Nos clients y placent nos capteurs de température à titre de sécurité supplémentaire », explique Jacques Grandjean, cofondateur de Koalasense, une petite entreprise suisse innovante qui conçoit des stations météo sans-fil et à faible consommation d’énergie. « Nos stations marchent avec des piles AA standard pour un capteur simple et peuvent donc être installées dans des endroits isolés non raccordés au secteur. Avec les capteurs plus sophistiqués, on peut utiliser l’énergie solaire », explique encore Jacques Grandjean. Pour la transmission des données recueillies par la station, Koalasense utilise le réseau hertzien LoRa, qui permet de transférer de petites quantités d’informations sur de longues distances. Pas besoin donc de réseau 4G ou 5G, ce qui est là aussi un facteur d’économie. « L’accès aux données et la gestion des alertes et capteurs se fait via une application web et mobile que nous avons développée nous-mêmes », souligne Jacques Grandjean, dont l’entreprise fondée en 2018 vend désormais ses stations dans presque toute la Suisse.
Interprétation des mesures
Pour autant, même si ces appareils connectés sont des aides à la décision de plus en plus précieux, il serait illusoire de se reposer entièrement sur leurs mesures. La connaissance du terrain et la compréhension de sa propre culture restent encore les meilleurs atouts pour interpréter les données climatiques livrées par les stations.
Arboriculteur à Grens (VD), Luc Bidaux cultive 10 ha de pommiers. Réparties à trois endroits différents du verger, ses trois stations mesurent l’humidité des sols et commandent un système d’arrosage automatique. Chaque station est reliée à six sondes placées dans le sol. « Il faut toujours contrôler et faire des modifications en fonction de ce que l’on observe et de ce que l’on sent. Pour mesurer l’humidité du sol, on place trois sondes à 30 cm et trois sondes à 50 cm de profondeur. Le tout vous donne une mesure fiable, en éliminant les valeurs aberrantes. Il y en a toujours une qui ne correspond pas à la réalité, pour une raison ou une autre. Le cas échéant, je modifie si le régime d’arrosage fixé automatiquement par la sonde ne correspond pas à la réalité du terrain et aux conditions », explique Luc Bidaux. « Il faut aussi bien choisir sa parcelle. J’ai quatre types de sols avec des besoins en eau différents. Le type de culture joue aussi un rôle : pour mes arbres de trois et quatre ans, le volume foliaire est petit, la récolte faible, le besoin en eau ne sera pas très grand. Par contre, dans le même type de sol, des arbres très productifs de douze ans nécessitent trois fois plus d’eau. Donc il faut bien réfléchir avant de positionner sa sonde », insiste Luc Bidaux. « Malgré les difficultés pour contrôler l’irrigation automatique, je ne reviendrais pas en arrière. Ça facilite la vie, j’ai un bien meilleur suivi et je sais que toute l’eau que j’ai mise est utilisée de manière efficiente. »