Quelles seraient les conséquences de l’introduction de Digiflux pour l’agriculture et pour le commerce agricole ?
Aujourd’hui, l’obligation d’enregistrement ne concerne que les exploitations. Digiflux s’appliquera aussi au commerce. Ainsi, dès 2026, il faudra déclarer dans une banque de données centralisée de la Confédération toutes les ventes des produits suivants : aliments concentrés, engrais contenant de l’azote et du phosphore (y c. engrais de ferme ou de recyclage) et produits phytosanitaires –et ce, au client final près. Pour ce faire, les distributeurs doivent soit construire des interfaces coûteuses entre leurs programmes informatiques et Digiflux, soit saisir manuellement les données à grands frais. Comme dans les exploitations, cette obligation engendre des coûts. C’est pourquoi le groupe fenaco-LANDI s’engage pour une mise en œuvre de Digiflux à la fois pragmatique, administrativement viable et financièrement soutenable, tant pour l’agriculture que pour le commerce.
Jürg Friedli, fenaco« Digiflux repose sur des bases obsolètes. »
Comment la plateforme pourrait-elle être adaptée pour mieux répondre aux besoins de l’agriculture et du commerce ?
L’un des principaux problèmes de Digiflux, c’est que celui-ci repose sur des bases (normes et valeurs) obsolètes. Ainsi, pour de nombreuses variétés actuelles, les rendements standard PRIF ne sont plus corrects. fenaco travaille à une mise à jour en collaboration avec les organisations sectorielles. S’agissant des normes de fertilisation pour les pommes de terre et les cultures maraîchères, on nous a laissé entendre que des concessions seraient possibles. Pour le maïs, Agroscope prévoit de faire un pas en direction d’une fumure à rendement corrigé, ce qui est important pour la production animale. Sur le plan de la protection des plantes, nous nous engageons pour que le géoréférencement reste facultatif. Il n’est pas exclu que Digiflux soit simplifié au Parlement. Un arrêt de celui-ci est même possible, comme pour l’exigence de 3,5 % de surfaces de biodiversité. C’est aussi pour cette raison que fenaco attend encore avant de construire des interfaces.
Que fait le groupe fenaco-LANDI pour minimiser la charge administrative additionnelle créée par Digiflux pour ses membres ?
Les nombreux contrôles effectués dans les exploitations agricoles sont déjà un facteur de stress pour leurs responsables. Avec Digiflux, le risque d’erreurs involontaires est encore plus grand, car il faut par exemple documenter les stocks. Avec le gestionnaire d’exploitation numérique Barto, nous proposons aux agriculteurs et agricultrices un instrument leur permettant de simplifier leurs tâches administratives et de passer les contrôles sans encombre, par exemple avec le nouveau module « Dossier de contrôle ».
Jürg Friedli, fenaco« Ce dont nous avons besoin, ce sont des innovations dans les champs et les étables, ainsi que l’adoption de bonnes pratiques agricoles. »
Grâce à Barto, les chefs d’exploitation ne doivent saisir leurs données qu’une seule fois et peuvent ensuite les partager avec différents systèmes tiers. Ils disposent ainsi de plus de temps pour se consacrer aux tâches essentielles de l’exploitation, car l’agriculture se pratique avant tout sur le terrain, et non derrière un bureau. Par ailleurs, les contrôles, à eux seuls, ne la rendent pas plus durable : ce dont nous avons besoin, ce sont des innovations dans les champs et les étables, ainsi que l’adoption de bonnes pratiques agricoles.