Les innovations techniques bouleversent les pratiques agricoles. Ces dernières années, la digitalisation s’est muée en une mégatendance prometteuse pour l’agriculture. Le métier d’agriculteur évolue par conséquent toujours plus vite et requiert constamment de nouvelles connaissances. Cette évolution très rapide suscite aussi un sentiment d’insécurité et de scepticisme chez bon nombre de personnes concernées. En effet, les agriculteurs n’estiment pas toujours avoir besoin des technologies digitales.
Une évolution complexe
Plusieurs technologies, comme les robots de traite par exemple, sont déjà fréquemment utilisées dans la pratique. « Agriculture 4,0 », « Smart farming », « Precision farming », « Farm Gestion System » et divers autres termes sont souvent associés à la mise en réseau et à l’automatisation. Cela fait longtemps que la digitalisation n’est pas seulement une tendance mais une réalité. Le développement de technologies, d’options d’analyse, de connaissances et de conditions-cadres sociales et légales est soumis à des changements importants et influencé par de nombreux facteurs. C’est également pour ces raisons que la digitalisation, tout comme la perception des agricultrices et des agriculteurs, évolue. Cette évolution offre de nouvelles perspectives et permet de simplifier des processus. Elle requiert aussi de nouvelles compétences. Le métier d’agriculteur change énormément. Pour bon nombre de paysannes et de paysans, la digitalisation devient un outil de travail quotidien toujours plus incontournable.
Quelle est la perception des professionnels ?
Les résultats d’une enquête écrite et d’une discussion de groupe réalisées en 2019 par Agroscope indiquent comment la digitalisation est perçue par les agriculteurs et l’idée qu’ils s’en font. Leur perception dépassait l’interaction entre l’agriculture et les technologies ou les logiciels et indique une bonne compréhension de ce sujet et de sa complexité. Outre les technologies digitales, les logiciels et les enregistrements digitaux utilisés ont été évoqués dans le cadre du thème « Contrôle, traçabilité et mise en réseau ».
Une approche positive facilite l’acceptation des technologies digitales.
Autres technologies utilisées
Jusqu’à maintenant, on ne savait pas comment les agricultrices et les agriculteurs perçoivent les technologies digitales dans leur quotidien professionnel. Interrogés pour savoir s’ils utilisent des technologies digitales, 69 % des sondés ont répondu par l’affirmative. 41 % des personnes interrogées ont aussi répondu positivement à la question « comptez-vous utiliser des technologies digitales supplémentaires ou nouvelles à l’avenir ? » Dans ce but, les technologies mentionnées ont été distinguées en trois groupes différents : technologies digitales et logiciels destinés à un usage courant, machines agricoles digitales et logiciels agricoles. La plupart des personnes interrogées estiment que certaines technologies répondent à un besoin concret. Une distinction claire a toutefois été établie entre la technologie à usage courant et celle spécifique à l’exploitation et l’utilisation qui en est faite. Tous les agriculteurs ne perçoivent pas la digitalisation de la même manière. Alors que certains d’entre eux estiment que l’utilisation d’un téléphone mobile est déjà un élément de digitalisation, d’autres considèrent au contraire que ce terme s’applique à des applications plus complexes tels les robots de traite et d’affouragement ou à des logiciels comme Agrotwin. Cela confirme aussi que la digitalisation ne s’impose que lentement et progressivement dans les processus de travail agricole. Près de 50 % des agriculteurs et des agricultrices ont une image positive de la digitalisation. L’affinité pour la technique favorise une approche positive, qui va de pair avec une utilisation plus fréquente des technologies digitales (voir graphique).
Attitude face à la digitalisation
Près de 50 % des personnes ayant 6 % participé à l’enquête sont favorables à la digitalisation. L’enquête a montré qu’une approche positive était étroitement liée à une utilisation plus fréquente des technologies digitales.
Un certain scepticisme demeure
Les agriculteurs ont émis un peu plus d’arguments en défaveur des nouvelles technologies qu’en faveur de ces dernières (voir tableau). Outre des raisons objectives, des attitudes et des positions sont aussi des facteurs importants. A ce sujet, on s’aperçoit qu’il peut valoir la peine d’étudier dans quelle mesure les technologies sont adaptées à sa propre exploitation et de considérer les avantages et les inconvénients sous l’angle individuel. Les agriculteurs ayant des affinités pour la technique semblent plus enclins à se lancer. La digitalisation leur paraît aussi plus normale. D’autres font au contraire valoir qu’ils ne souhaitent en aucun cas que la digitalisation s’impose dans l’agriculture et qu’ils n’en voient pas la nécessité.
La digitalisation est une évolution impossible à stopper. Elle comporte certainement des risques mais peut être très utile. S’intéresser de plus près, de soi-même, au thème de la digitalisation dans l’agriculture est un moyen d’accroître sa marge de manœuvre.