Dès le lancement du programme en 2014, la participation à la PLVH a été supérieure aux attentes, ce qui fait penser que la plupart des producteurs ont eu assez peu de difficultés à satisfaire aux exigences imposées par la PLVH. Ce programme a tout d’abord été critiqué pour la charge administrative supplémentaire qui en découle et pour les fourrages grossiers qui auraient été importés de l’étranger pour satisfaire aux dispositions en matière d’affouragement.
C’est ce qui a incité Agroscope à procéder, en 2016, à une analyse de la participation au programme PLVH, de la charge administrative liée aux contrôles, des importations de fourrages grossiers et de l’effet de la PLVH sur l’utilisation de concentrés et de maïs ensilage. A cette fin, Agroscope a mis en valeur les résultats comptables issus du dépouillement centralisé, interrogé par écrit près de 1000 agriculteurs et procédé à des évaluations plus approfondies.
Programme PLVH
La participation au programme PLVH est rémunérée par un montant de Fr. 200.– par ha de prairies permanente et artificielle, pour autant que la ration annuelle de tous les animaux de rente détenus sur l’exploitation et consommant des fourrages grossiers se compose au moins à hauteur de 90% de fourrage de base. En zone de plaine, l’herbe en vert, l’ensilage d’herbe et le foin/regain doivent représenter au moins 75% de la matière totale ingérée (contre 85% en zone de montagne). Le montant évoqué plus haut est uniquement versé pour autant que l’effectif minimal prévu par l’article 51 OPD soit atteint.
Peu de coûts supplémentaires
Durant la période 2014-15, les trois quarts des exploitations participant au dépouillement centralisé et détenant des UGBFG ont participé à la PLVH. La participation était particulièrement élevée (> 80%) chez les exploitations du type «vaches mères», «chevaux», «moutons», «chèvres» et «autres bovins». Bon nombre de ces exploitations satisfaisaient déjà aux directives PLVH avant l’introduction de ce programme. Les exploitations laitières affichant une moyenne d’étable inférieure à 6000 kg de lait sont proportionnellement nettement plus nombreuses (> 90%) à participer au programme PLVH (graphique 1). Ce programme n’a pas généré de coûts supplémentaires pour près d’un tiers des exploitations laitières situées en zone de plaine (cette proportion est de 45% pour les exploitations de la région des collines et de 67% pour les exploitations de zone de montagne).
Les contrôles ne représentent pas une charge importante
La documentation des mesures liées à la PLVH implique de remplir le formulaire spécialement réservé à la PLVH (bilan fourrager). Les données nécessaires doivent être tirées du Suisse-Bilanz. Les formulaires électroniques et un logiciel spécifique permettent d’automatiser les calculs. L’exploitant doit prouver chaque année, à l’aide d’un bilan fourrager, que son exploitation satisfait aux exigences requises par la PLVH.
Des enquêtes effectuées précédemment par Agroscope démontrent que la plupart des agriculteurs font réaliser leur Suisse-Bilanz par un tiers. Dans un sondage réalisé en 2016 et consacré à la PLVH, seul un quart des agriculteurs interrogés ont affirmé calculer eux-mêmes leur Suisse-Bilanz, 40% mandatant un vulgarisateur pour ce faire et 15% un fournisseur d’aliment. Parmi les agriculteurs qui établissent eux-mêmes leur Suisse-Bilanz, 40% ont expliqué avoir besoin de moins de 30 minutes pour cela et 30% ont affirmé avoir besoin de 30 à 60 minutes. Seuls 20 à 30% ont dû consacrer plus de 60 minutes à cette tâche. Le fait d’utiliser un formulaire électronique ou un logiciel a peu d’incidence sur le temps nécessaire. En présence d’un support électronique, le temps moyen consacré au calcul du Suisse-Bilanz avoisinait 30 minutes.
Pas plus d’importations
Le sondage a clairement démontré que les exploitations participant au programme PLVH n’importaient pas plus de fourrage grossier d’origine étrangère que les autres exploitations. 19 à 23% des participants à la PLVH et des non-participants ont répondu acheter des fourrages grossiers importés. Dans les deux groupes, seuls 6 à 7% des exploitations ont affirmé avoir augmenté leurs importations de fourrage. Les faibles écarts entre les participants et les non-participants attestent donc que le programme PLVH n’a pas conduit à une augmentation des importations de fourrages grossiers.
Production laitière et utilisation de concentrés stables
Les analyses statistiques réalisées indiquent que la part de concentrés dans la ration a diminué en moyenne de 0,9% (voir tableau) dans les exploitations PLVH au cours des deux années suivant l’inscription au programme (2014-2015). Le programme PLVH a en revanche permis d’augmenter de 1% la part de l’herbe dans la ration. Au cours des deux premières années, la PLVH n’a pas permis de réduire la part du maïs ensilage dans la ration. Les analyses démontrent par ailleurs que la PLVH a empêché une augmentation moyenne du potentiel laitier de l’ordre de 174 kg. Le programme PLVH a malgré tout eu un impact positif sur le revenu des exploitations participantes. L’analyse des données réalisée sur la base du dépouillement centralisé des indicateurs agro-environnementaux indique que le programme PLVH ne contribue pas à réduire de manière significative les excédents d’azote (voir tableau).
Souvent un bon choix
Une proportion élevée (>80%) des exploitations élevant des vaches mères, des moutons, des chèvres, des chevaux et d’autres bovins a participé au programme PLVH, à l’image des exploitations produisant du lait commercialisé. A l’exception des exploitations produisant du lait commercialisé, la plupart des profils d’exploitation précités satisfaisaient déjà aux directives de la PLVH avant l’introduction de ce programme. La critique qui consiste à dire que le niveau d’exigence est trop bas, en particulier pour les exploitations détenant des vaches mères, des moutons, des chèvres, des chevaux ou d’autres bovins est par conséquent justifiée. En revanche, seuls 50% des exploitations produisant du lait commercialisé satisfaisaient aux critères PLVH avant l’entrée en vigueur du programme. Les exigences imposées par la PLVH aux exploitations détenant des vaches laitières empêchent par ailleurs une augmentation de l’utilisation de concentrés à l’avenir.
L’étude réalisée par Agroscope démontre que la production laitière des exploitations participantes progresse un peu plus lentement que celle des exploitations non participantes. Le sondage réalisé auprès des agriculteurs indique toutefois que l’application du programme et l’établissement du bilan fourrager (bilan PLVH) impliquent un investissement en temps négligeable (la charge de travail supplémentaire se chiffre en minutes). Le bilan des éléments nutritifs (Suisse-Bilanz), qui sert de base à l’établissement du bilan PLVH, requiert toutefois un certain niveau de connaissances et une bonne organisation administrative, pour réduire au maximum le temps consacré au programme. Agroscope recommande toutefois à l’administration fédérale d’intensifier le travail de recherche destiné à contrôler l’application du programme PLVH. Les solutions techniques intelligentes destinées à déterminer et à enregistrer avec précision l’utilisation de concentrés en production laitière doivent faire l’objet d’un travail de recherche approfondi. Outre un meilleur contrôle, ces solutions permettraient également de réduire le travail administratif supplémentaire.
Au vu des limites actuellement en vigueur pour le maïs ensilage et les autres fourrages de base, le programme ne contribue pas à réduire la distribution de maïs ensilage. Sur la base de ce constat, le programme PLVH devrait être remanié en vue d’améliorer encore son efficacité sur ce point.