En préambule, il est important de rappeler que la lutte non chimique contre les adventices ne se limite pas juste au passage d’outils de désherbage mécanique. Différents leviers permettent de limiter la pression de ces dernières sur les parcelles. Parmi les premiers leviers à activer, on peut citer les éléments suivants : l’organisation de sa rotation avec une alternance de cultures d’automne et de printemps, une gestion des adventices entre les cultures à l’aide de couverts végétaux et de déchaumages, une mise en place de la culture favorisant un démarrage vigoureux des plantes, etc.

Il faut aussi garder à l’esprit que plus les passages sont réalisés précocement, plus l’efficacité sera intéressante. En d’autres termes, plus la lutte démarre tôt, plus les chances de réussites sont bonnes. En effet, la qualité du travail n’en sera que meilleure, et ce, même si les machines telles que les sarcleuses permettent une action sur des adventices plus développée. La fin de la lutte mécanique intervient juste avant la fermeture des rangs par la culture.

Les stratégies à adopter

Faut-il travailler uniquement avec des machines type sarcleuses ou est-ce judicieux de combiner le passage d’outils différents en fonction du type de culture et du stade de développement de cette dernière ? Dans les modèles classiques, la sarcleuse intervient au plus tôt lorsque que les lignes sont bien visibles. Avant ce moment, si une intervention est nécessaire, c’est plutôt vers des outils de type étrille ou houe qu’il s’agira de se tourner. Par ailleurs, pour décider de l’outil à utiliser, la rentabilité et la performance horaire sont à prendre en compte, de même que les aspects agronomiques.

Un éventail de possibilités

Herse étrille : une herse n’est pas suffisante pour une gestion des adventices durant toute la période végétative de ces dernières. Cependant, pour des cultures sarclées avec un semis pas trop superficiel (légumineuses, maïs, etc.), la herse étrille peut être une bonne solution pour un passage à l’aveugle en prélevée ou pour un premier passage lorsque la culture n’est pas trop développée.

Roto-étrille : comme pour la herse étrille « standard », une utilisation de la roto-étrille est possible en prélevée ou postlevée précoce. Elle est cependant plus agressive et il faut donc porter une attention particulière aux réglages, en particulier pour les cultures qui ne supportent pas bien le recouvrement.

Houe rotative : cette machine montre un bon effet sur l’élimination d’une croûte de battance. Elle peut être utilisée en passage à l’aveugle comme la herse étrille sur maïs et soja, et ensuite dès le stade 2 feuilles du maïs ou l’apparition de la première paire de feuilles sur soja. Son effet de lutte contre les adventices est souvent assez faible. Il est souvent utile de combiner son passage avec un passage de herse étrille dans les 1 - 2 jours qui suivent le passage de la houe.

Sarcleuses : elles ont pour avantage d’être équipées de différents agrégats qui les rendent relativement polyvalentes. Leur action permet une lutte même efficace sur des adventices plus développées, ce qui en fait leur principal atout dans les cultures sarclées.

En fonction du moment du passage, du type de cultures et des adventices présentes, il convient de choisir les bons équipements et bons réglages pour obtenir le meilleur effet possible sans péjorer la croissance de la culture. Différents agrégats permettent entre autres de butter, de travailler sur le rang et de protéger la culture.

Quelques exemples concernant l’utilisation d’agrégats

– Lors du dernier passage dans une culture de maïs, un passage des socs de la sarcleuse trop proche du rang peut endommager le système racinaire ; ainsi, il convient d’utiliser des disques butteurs, ce qui permet une action sur la ligne.

– Dans la betterave, lors du premier passage, la plantule est fragile et peu compétitive. Il est donc important de monter des disques de protection qui évitent le recouvrement des plantules.

La technologie augmente les possibilités

La problématique dans les cultures sarclées reste le désherbage sur le rang. Même si certains agrégats permettent de réaliser cette opération, l’agressivité de celle-ci reste souvent insuffisante. Avec la technologie actuelle, il est maintenant possible d’effectuer un travail au plus près de la plante, que ce soit entre les rangs ou sur les rangs. On peut citer les machines IC-Weeder AI ou encore Ullmanna, qui sarclent toutes deux de manière automatique sur la ligne.

Le principal inconvénient de ce type de machines est sans aucun doute le prix. Il convient donc d’avoir une réflexion approfondie sur la rentabilité de celles-ci dans ses cultures. C’est souvent le volume de travail et le type de culture désherbée qui va peser dans la balance. Ces machines sont plutôt adaptées à des cultures à plus forte valeur ajoutée comme les cultures maraîchères, le tabac, etc.

Sans aller aussi loin que les systèmes mentionnés plus haut, un tracteur muni d’un système de guidage RTK ainsi qu’une caméra de guidage sur la machine permet un travail précis et régulier sans risquer d’impacter la culture en place.

Il n’y a pas de recette toute faite pour désherber les cultures sarclées. La réussite du désherbage nécessite un bon suivi de la culture, un choix et un réglage des machines adaptés ainsi qu’une météo propice l’utilisation de ces outils dans de bonnes conditions.