Servant au désherbage mécanique, la herse étrille était au départ surtout utilisée en agriculture biologique. Une des difficultés principales reste l’élimination des adventices entre les plantes des cultures en ligne. Lorsque le désherbage à la herse étrille est insuffisant, l’intervention avec une sarcleuse peut s’avérer profitable. Les fabricants de machines proposent des solutions diverses pour sarcler au plus près des plantes. Les machines sont généralement modulables afin de s’adapter à l’écartement des rangs de la culture.
Sarclage inter-rang
Pour gérer les adventices entre les rangs de la culture, la herse étrille reste le système le plus rapide et le moins coûteux. Ces machines travaillent indépendamment des rangs et réalisent aussi un ameublissement superficiel principalement dans les sols moyens à légers. L’efficacité est bonne uniquement sur les adventices peu enracinées et l’effet de minéralisation reste plutôt faible. Le principal avantage réside dans le fait que la machine peut être utilisée pour toutes les cultures.
« Le modèle Robocrop InRow permet un désherbage au plus près des plantes de betterave, de maïs et d’autres sarclées », Anthony Wypart, agriculteur et entrepreneur de travaux agricoles.
La sarcleuse, ou bineuse, offre l’avantage d’un travail superficiel plus intensif. Les constructeurs disposent de systèmes et de combinaisons de socs très spécifiques selon les cultures et le type de sol. Les principaux types de socs sont les pattes d’oie (les plus connus), les socs plats triangulaires et les lames qui permettent de passer au plus près de la culture sans blesser les racines. Les éléments de binage des machines sont généralement faciles à déplacer sur la poutre pour un réglage précis de l’écartement des rangs, qui permet un désherbage au plus près de la culture.
Sarclage sur la ligne
Il existe plusieurs solutions pour désherber sur le rang. L’emploi de doigts Kress, ou étoiles à doigts, est la plus courante et est disponible sur pratiquement toutes les bineuses actuelles. Des essais réalisés dans différentes cultures en France ont montré que l’efficacité sur les jeunes adventices dicotylédones et graminées annuelles peut dépasser 90 % selon les conditions de sol. Cet équipement s’utilise à partir du stade 3 à 4 feuilles de la culture. Les doigts en matière synthétique, entraînés par une couronne placée sous l’étoile, soulèvent la terre superficielle entre les plantes de la culture sans blesser celles-ci. Les racines des adventices sont mises à nu par cette action. Un réglage soigneux est nécessaire pour éviter des dégâts.
Les étoiles à doigts sont disponibles en plusieurs formats et degrés de souplesse. Les doigts plus souples sont prévus pour les cultures sensibles et les terres légères, tandis que les doigts rigides sont bien adaptés pour les terres lourdes et les cultures plus robustes. Ces doigts sont utilisés dans de nombreuses cultures comme le maïs, le tournesol, les betteraves, le soja et pour les légumes. Le constructeur Hak propose un réglage de l’inclinaison des étoiles qui permet d’amener ou au contraire d’éloigner de la terre du rang.
Socs tournants
Les socs rotatifs sont une autre solution pour procéder au désherbage sur la ligne. Les entreprises Steketee et Garford sont des pionniers dans ce domaine. Entrepreneur en travaux agricoles et agriculteur, Anthony Wypart de Suscévaz (VD) s’est équipé de trois sarcleuses Garford. Convaincu par le désherbage mécanique, le jeune agriculteur exploite en bio et en association une centaine d’hectares. Avec son entreprise, il réalise la préparation du sol, les semis et le désherbage des cultures pour ses clients. L’épandage de lisier est un autre secteur important de travaux pour tiers.
« Garford réalise selon moi les sarcleuses les plus performantes avec un système vraiment précis », explique Anthony Wypart. « Le modèle Robocrop InRow est particulièrement efficace, puisqu’il permet un désherbage sur la ligne des cultures de betteraves, maïs et d’autres sarclées », poursuit-il lors de la visite sur son exploitation. Cette bineuse entièrement électrique, unique en Suisse, d’une largeur de travail de trois mètres, ou six rangs, est prévue pour un attelage à l’avant du tracteur, la génératrice assurant son fonctionnement étant installée sur le relevage arrière. La bineuse est dotée de deux roues d’ancrage dirigées par les caméras à colorimétrie qui repèrent les cultures. Elles corrigent la trajectoire et transfèrent les informations à un système de déport latéral très réactif grâce au fonctionnement électrique.
A l’avant de la machine, un soc en forme de faucille réalise le désherbage au plus près des plantes par un mouvement rotatif. « La machine laisse un cercle non désherbé de 4 à 8 cm autour des plantes, selon le réglage. Pour réaliser un désherbage précis, il faut que le sol soit plat lors de la préparation, que le semis soit très précis et que la sarcleuse soit bien réglée », indique Anthony Wypart, qui a réalisé de bonnes expériences avec cette machine dans plusieurs cultures.
Système combiné
Le constructeur Steketee propose un système de désherbage mécanique sur le rang avec son modèle IC Weeder. Cette machine a été présentée chez un maraîcher dans le Seeland dans une culture de salades. Lors de cette démonstration, un prototype combinant le désherbage mécanique et le traitement des salades plante par plante a été présenté. Cette bineuse est équipée d’un système informatique qui calcule le temps d’ouverture des buses pour une application sur les salades en fonction de leur taille. Il est possible d’économiser entre 40 et 70 % de produit insecticide et fongicide. Le désherbage mécanique entre les salades est réalisé par un soc pivotant en forme de faucille. Le soc suit le rang des salades et pivote d’un quart de tour entre chaque plante. Les deux mécanismes, pulvérisation et socs pivotants, sont gérés en temps réel à partir d’une caméra qui reconnaît les plantes de salades. L’inter-rang est désherbé à l’aide de pattes d’oies.
Guidage de la machine
Le désherbage sur la ligne implique une grande précision et une reconnaissance des plantes cultivées. Des systèmes de guidage électronique sont alors indispensables. La précision commence déjà au semis avec un écartement régulier des rangs, qui permet de passer au plus près avec la bineuse. Pour le guidage de la sarcleuse, un système GPS avec signal de correction permet de travailler à environ deux centimètres des rangs. L’emploi d’une caméra montée sur la bineuse est la méthode la plus courante pour les machines actuelles.
Pour la correction latérale, plusieurs constructeurs proposent une interface de guidage entre le tracteur et la machine. Ces interfaces, telles que Precicam (Carré), DynaTrac (Laforge) ou encore Lynx du constructeur français B.C.Technique, sont aussi prévues pour pouvoir atteler rapidement une sarcleuse d’un autre fabricant.
Pour le désherbage sur le rang, il est possible d’installer un système à doigts Kress sur la plupart des machines. Ce mécanisme auto-entraîné a aussi été présenté sur une machine tirée par un cheval. Les méthodes plus technologiques, qui permettent de travailler plus de 95 % de la surface, cherchent toujours à augmenter la précision des systèmes pour effectuer le désherbage au plus près de la culture.